[ création ]

shake

d’après La Nuit des rois de William Shakespeare
traduction Marie-Paule Ramo
mise en scène Dan Jemmett

avec Valérie Crouzet, Delphine Cogniard, Vincent Berger, Geoffrey Carey, Antonio Gil Martinez scénographie Dan Jemmett, Denis Tisseraud lumières Arnaud Jung costumes Sylvie Martin-Hyszka coiffures Véronique Nguyen régie générale Denis Tisseraud production Théâtre de Carouge - Atelier de Genève, Eat a Crocodile, Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur, Maison des Arts - Thonon-Évian première création en 2001 au Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E., Théâtre de la Ville - Paris, SARL Sur un Plateau - Philippe Sturbelle Dan Jemmett est artiste associé à La Maison des Arts, Thonon-Évian

L’humour ravageur et l’excentricité de Dan Jemmett intensifient le charme de la comédie maîtresse de Shakespeare, La Nuit des rois. Cette création qui a reçu le Prix de la Critique française Révélation théâtrale en 2002 revient conquérir son public. Sur scène, des cabines de plage situent le royaume d’Illyrie en bord de mer. Intrigues amoureuses, passions et deuils s’y trament pendant que le personnage du fou passe en revue sa collection de vinyles sur son tourne-disque. Cinq comédiens particulièrement allumés jouent à eux seuls les dix-sept personnages de la pièce, flirtant gaiement avec la farce et le merveilleux, et une certaine cruauté aussi.

La jeune héroïne Viola, qui vient de perdre son frère jumeau dans une tempête, emprunte son identité, se travestit, et devient le “confident” du duc Orsino. Elle s’éprend de ce play-boy de plage dépressif aux cheveux gominés. Mais lui se meurt d’amour pour l’incendiaire Olivia, qui fait tout pour séduire le beau “page”, alias Viola. Tout Shakespeare est là, avec ses quiproquos, son humour, son romantisme et sa poésie.

Un moment festif au charme fou, une farce délicieuse, une bulle de liberté où l’on se rêve différent.

entretien avec Dan Jemmett

Propos recueillis par Caroline Audibert

Vous ne vous intéressiez qu’ à des textes contemporains avant cette pièce que vous montez pour la première fois en 2002. Et depuis, vous faites du Shakespeare ! Que s’est-il passé ?

La Nuit des rois est la pièce la plus gracieuse de Shakespeare. Celle du milieu de sa vie ! On n’a pas les grandes inquiétudes de Tempête, ni la comédie pure des pièces de jeunesse. Avec les acteurs, nous avons été bercés par la pièce ! Cette création a déclenché pour moi une phase de travail orientée vers les classiques. Car comme tous les Anglais, j’ai été un peu noyé dans les textes de Shakespeare à l’école. Le fait d’être loin de mon pays et de ne pas travailler dans ma propre langue m’a permis une certaine liberté à l’égard du registre classique.

Pourquoi proposer une traduction originale ?

Je trouve les traductions littéraires de Shakespeare difficiles en français. Parfois en recherchant une musique française, elles perdent un aspect très concret qui existe dans la langue de Shakespeare. La traductrice Marie-Paule Ramo était présente sur le plateau, pour répondre à nos désirs dramaturgiques, et trouver les mots justes.

Que représente Shakespeare pour vous ?

Shakespeare induit un rapport particulier avec le plateau. Quand je travaille le texte avec les acteurs en répétition, je suis conscient d’avoir un matériau suffisamment vaste et résistant. Les textes de Shakespeare résistent beaucoup ! Peut-être parce qu’ils sont totalement ancrés dans le jeu des acteurs et offrent la possibilité d’expérimenter un registre très varié dans l’expression : les moments très beaux, les gestes graves, suivent de près des moments presque enfantins. Je me sens donc très libre de naviguer à l’intérieur de ses oeuvres, de chercher ce que je veux faire. Shakespeare, c’est la pensée pure mélangée avec l’humour le plus basique. Ses textes ne sont pas purement psychologiques. Ils passent par le corps, par les tripes. Ils sont très infusés par un théâtre antique, les drames du Moyen-Âge, l’art de la marionnette.

Vous avez livré votre vision de l’Illyrie, et transposé la pièce dans un décor balnéaire sorti de votre enfance ?

Mes expériences personnelles sont souvent les points d’entrée des pièces que je monte. Pour qu’elles s’ancrent d’emblée dans le réel. Je me suis demandé ce que représentait pour moi, l’Illyrie. Un pays exotique, loin de Londres, c’est sûr ! En cherchant dans ma mémoire, a surgi ce souvenir de vacances que je passais avec mon père au bord de la mer. Il aimait beaucoup les numéros d’acteurs sur les plages, au bout des jetées, avec des marionnettes. Puis, en allant dans le Jardin des Plantes à Paris avec mon fils, j’ai vu cinq cabines de plage. Je me suis dit : voilà, ce sera le décor.

Shakespeare ajoute ce sous-titre à sa pièce : Comme vous voudrez. Il fait référence à l’ identité sexuelle très changeante du personnage de Viola. La pièce résonne-t-elle avec la question très actuelle du genre ?

À l’époque où les femmes ne peuvent pas jouer sur scène, Shakespeare demande à un garçon de jouer une femme qui joue un garçon. On entre déjà dans une sorte d’abîme à propos de la sexualité.
Ce qui est fabuleux dans le théâtre, c’est qu’il suffit qu’une femme mette un costume pour qu’elle devienne un homme ! Tout existe dans l’imagination du public et, pendant un moment, on peut se rêver différent. L’idée de la transformation revient souvent chez Shakespeare. Dans Hamlet, Ophélie dit une très belle phrase pendant la scène de sa folie : “Nous savons qui nous sommes mais ne savons pas ce que nous pouvons être”... C’est évidemment plus facile dans le théâtre !
saison 2015-16
Shake
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