[ PRODUCTION | CRéATION ]

le horla

Guy de Maupassant
création & mise en scène Samuel Chariéras, Paul Chariéras

avec Samuel Chariéras, Paul Chariéras création musicale Al'Tarba, I.N.C.H lumière Paul Chariéras assistantes stagiaires Emma Alvarez, Marie Binet costumes Aurore Lane production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur

Entrez dans un univers inquiétant où la réalité n’est peut-être pas celle que l’on croit. Frissons assurés !

Le jeune et brillant comédien niçois Samuel Chariéras signe une adaptation singulière du grand classique de la littérature fantastique. Seul en scène, il explore le vertige d’un homme possédé qui sombre dans la folie. Au gré de ce journal intime, Maupassant s’ausculte comme un objet d’étude scientifique qui dérape vers l’irrationnel, obsédé par des pulsions de meurtre, des peurs nocturnes et des visions surnaturelles. Et si la nature humaine était encore plus complexe qu’on ne le pensait ? Si tout homme avait un double ?
Dans une mise en scène épurée, le comédien crée un monde fantasmagorique entre art théâtral et numéros d’illusion. Un voyage borderline qui nous hantera délicieusement.

Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du jeudi 18 janvier.

Autour de la création, Samuel Chariéras proposera deux lectures.
Suicides et Solitude, samedi 18 novembre, 15h
Lettre d'un fou, samedi 16 décembre, 15h
[Salle Michel Simon, entrée gratuite, réservation conseillée]

entretien Samuel Chariéras

Propos recueillis par Caroline Audibert

“Et si le fantastique était une autre manière de percevoir le monde ?”



Vous vous mettez en scène dans votre première pièce. Le Horla est un choix théâtral fort, engagé. Quel a été le déclic ?

Ce texte a été une expérience intime et très intense à un moment-clé de ma vie. Je me suis senti très proche de Maupassant, à un siècle d’écart. En tant que comédien, j’ai eu envie de le porter sur scène. C’était comme une nécessité pour moi. D’autant que la forme du journal intime a une grande force, avec les impressions de l’écrivain jour après jour. Ce qu’il vit devient soudain très concret et scénographique !

Est-ce une pièce sombre sur la folie ?

Le Horla, c’est l’histoire d’un homme qui navigue entre le réel et le fantastique, entre la norme et la folie. On passe du regard du malade au regard du médecin sur un patient extraordinaire. Il ne faut pas oublier que Maupassant écrit ce texte dans une période où on sort peu à peu du spiritisme et où la psychanalyse fait ses débuts. L’écrivain s’est d’ailleurs intéressé de près aux travaux du docteur Charcot. En fait, on se met à explorer l’invisible, l’impalpable, à remettre en question notre rapport au réel. À un moment donné, on en vient à se demander si les visions de cet homme, qui sont étranges, parfois effrayantes, n’existent pas vraiment ! Et si le fantastique était une autre manière de percevoir le monde ? Ce qui me plaît dans le fantastique, c’est que ça émane de soi, à la différence de la science-fiction. Ça dit quelque chose de notre complexité humaine, dans le clair-obscur.

Mais qui est vraiment le Horla, cet être invisible qui obsède l’écrivain ?

Le Horla, c’est l’écrivain lui-même, travaillé par ses pulsions nocturnes et suicidaires qu’il ne peut réellement assumer dans un cadre social très codifié. La nuit, son double irrationnel se révèle. Et ça peut être l’histoire de chacun de nous ! Le Horla, c’est nous-mêmes, c’est l’autre, l’étranger en nous, celui qui réveille nos insomnies ! Maupassant raconte la violence de ce que l’on est et la peur qui nous saisit lorsqu’on le découvre. Le Horla, c’est aussi Flaubert, ce monstre sacré de la littérature qui, de sa tombe, continue de dominer Maupassant. Ce n’est pas un hasard si le journal de bord de l’écrivain commence le 8 mai, le jour anniversaire de la mort de Flaubert !

Cette expérience schizophrénique est-elle autobiographique ?

L’écrivain souffrait de syphilis et les crises occasionnaient d’insupportables migraines qui manquaient de le faire sombrer dans la folie. Bien sûr, le thème de la folie occupe dans Le Horla une place de choix et on peut appréhender son oeuvre comme la description d’un cas clinique au jour le jour. Mais je veux avant tout explorer le thème du double, qui est un classique de la littérature fantastique, de Poe à Borges. Car selon moi, c’est sous l’angle de l’irrationnel que les résonances du Horla peuvent nous toucher profondément.

Quel est votre parti pris de metteur en scène ?

La pièce s’appuie sur les trois versions du Horla, dont la plus connue date de 1887, mais aussi sur d’autres textes de Maupassant, tels que Magnétisme. Je me suis posé la question d’adapter le texte dans une langue très orale, qui se serait rapprochée de l’argot, des cultures urbaines, où on aurait pu percevoir les influences du rap. Mais son écriture est si belle et si visionnaire que je veux donner à l’entendre telle quelle.

Comment allez-vous représenter le fantastique sur scène ?

Je vais travailler sur des techniques d’illusion, pour créer des apparitions spectaculaires et traduire la dimension irréelle de ce texte. Il y aura des objets qui se mettront à vivre d’eux-mêmes, des choses inquiétantes, un peu effrayantes. Et la peur, c’est très précieux !

saison 2017-18
Le horla au Théâtre National de Nice
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