[ PRODUCTION | Création ]

tempête !

d’après William Shakespeare
adaptation & mise en scène Irina Brook

avec les Éclaireurs [Kevin Ferdjani, Marjory Gesbert, Issam Kadichi, Irène Reva], Renato Giuliani lumière Alexandre Toscani son Guillaume Pomares costumes Magali Castellan, Aurore Lane assistante à la mise en scène Tess Tracy production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur coproduction Passionnément TNN
audiodescription le samedi 27 janvier à 20h30

La plume incomparable de Shakespeare et la touche légère et festive d’Irina Brook créent un spectacle accessible à tous, qui passe des tempêtes de l’âme à la réconciliation. Les comédiens s’embarquent pour un voyage jubilatoire en haute mer. Chavirant !

Avec son inventivité et sa joie contagieuse, Irina Brook revisite La Tempête de Shakespeare dans une nouvelle version jeune, faite sur-mesure pour Les Éclaireurs et Renato Giuliani.
Dès le début de la pièce, un climat de rébellion est à son apogée sur l’île déserte, lieu d’exil depuis vingt ans du magicien Prospero. Les sujets de ce petit royaume sont au bord de la révolution, malgré les musiques italiennes pleines de gaieté et les tours de magie. La jeune Miranda s’ennuie à mourir et rêve d’amour. Caliban, monstre de l’île et esclave, ne supporte plus les tortures quotidiennes des gnomes malveillants envoyés par son maître. Ariel, esprit de l’air et serviteur dévoué, attend avec fébrilité la fin de son contrat. Tous rêvent de liberté. Et Prospero rêve de vengeance. Mais le pardon vient transformer tout ce petit monde. Sur un air de mandoline et une ambiance de film italien, on se retrouve finalement envahi par une émotion profonde.

entretien Irina Brook

Propos recueillis par Caroline Audibert

“La dernière pièce de Shakespeare détient des secrets qui nous font comprendre l’essence de notre humanité...”



Pourquoi avoir choisi un contexte et une esthétique italiens ?

Quand j’ai monté la pièce pour la première fois en 2010, Renato Giuliani, acteur passionné de potions magiques et de cuisine, s’est imposé comme Prospero. J’ai cherché des parallèles avec notre réalité pour rendre l’histoire plus claire. Le royaume de Prospero est devenu un grand restaurant napolitain. J’imaginais une cuisine en bord de mer avec deux serveurs italiens en train de fumer des cigarettes sur la plage, Miranda en lunettes noires de starlette. C’est alors que je suis tombée sur de sublimes musiques de mandoline, du lounge italien des années cinquante… Des images de Fellini me passaient par la tête, ce qui était une évidence car l’Italie est très présente chez Shakespeare. Roméo et Juliette se passe à Vérone, La Tempête évoque Naples et Milan…

Vous avez monté cette pièce plusieurs fois depuis 2010, qu’avez-vous envie de dire aujourd’hui en recréant Tempête ?

La première fois que je l’ai montée, c’était la relation père-fille qui me fascinait. Sept ans plus tard, c’est le déséquilibre engendré par le pouvoir qui me saute aux yeux. Prospero est un tyran qui veut tout contrôler, avec l’aide de ses pouvoirs magiques. Sa fille, ses serviteurs et même la nature sont à sa merci. Il tire sa force vitale d’un désir inassouvi de vengeance contre son frère qui l’a trahi en volant son royaume. Quand le fils de l’ennemi échoue sur l’île, Prospero doit choisir entre vengeance et réconciliation. Moment clé où la pièce entre dans les profondeurs de l’âme. Il doit non seulement pardonner, mais aussi abandonner son besoin d’être le metteur en scène de tout : il doit enfin admettre sa fragilité, lâcher prise et accepter d’être humain, tout simplement.

C’est la pièce testament de Shakespeare…

Beaucoup d’encre a coulé sur l’épilogue, ce texte de Prospero serait l’adieu de Shakespeare à la scène. Ces dernières paroles sont pleines de mystère. Elles parlent de mortalité, de métaphysique. On sent qu’elles détiennent des secrets qui nous font comprendre l’essence de notre humanité : “Nous sommes de cette étoffe dont les rêves sont faits…” Dix mots qui produisent soudain un silence intérieur et une émotion inexplicable qui bouleverse l’atmosphère. Le génie de Shakespeare !
Cette pièce me relie à mon père dans une intimité artistique. Depuis des années, nous avons des conversations interminables sur l’essence de la pièce. La Tempête peut être perçue à tous les niveaux, allant du pur divertissement à la spiritualité la plus profonde. Il y a des fées, des monstres, des magiciens, des amoureux, des personnes bannies sur une île déserte, on est dans le royaume du conte. Mais quand on écoute la pièce d’une autre oreille, avec un autre coeur, on découvre une spiritualité et une profondeur inégalées. Comme avec la mer, on n’arrive jamais au fond de cette oeuvre.

Quelle traduction utilisez-vous ?

Lors de sa création, nous avons entièrement retraduit la pièce avec les acteurs. Pour moi, la façon la plus fidèle de traduire Shakespeare, c’est en collectivité : sa voix est trop grande pour un seul auteur. Alors un acteur s’approprie une phrase, un deuxième la transforme, un troisième propose un mot, puis je viens contribuer et arbitrer le choix des mots par rapport à la langue anglaise. C’est au prix de tout ce travail que la traduction a été possible.

Comme en 2010, vous avez choisi la campagne comme laboratoire pour remonter cette pièce. Pourquoi ce choix ?

En pleine nature, on se trouve dans quelque chose de vivant et d’organique. Il n’y a pas ce côté imposant d’un théâtre. L’équipe artistique et technique est dans une autre ambiance, entre colonie de vacances et monastère, et on peut faire un travail immense en peu de temps ! En plus, avec Tempête, il pleut souvent et l’orage retentit pour de vrai… Cela rappelle le temps de Shakespeare. Car au Globe il n’y avait pas de toit, on était sous les étoiles. Ses pièces sont pleines de références au ciel, aux astres, au vent… Lorsqu’en répétition, on lève les yeux au ciel, la relation entre les mots et les éléments prend une tout autre résonance.
saison 2017-18
tempête au Théâtre National de Nice
Dossier de presse
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