[ Création ]

esperanza

Aziz Chouaki
mise en scène Hovnatan Avédikian

avec Samuel Chariéras, Caroline Fay, Florent Hill-Sylvestre, Issam Kadichi, Jérôme Kocaoglu, Vasken Solakian, Jean-Baptiste Tur, Karim Zennit chorégraphie Aurélien Desclozeaux son Guillaume Pomares lumière Alexandre Toscani musique Vasken Solakian scénographie Marion Gervais stagiaire à la mise en scène Lou Lefèvre production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur Texte édité aux Éditions Les Cygnes

Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du samedi 4 mars.

Un groupe de migrants s’embarque pour Lampedusa sur un modeste bateau, fuyant leur pays pour une terre nouvelle. À bord de l’Esperanza, ils tentent leur chance au gré de la Méditerranée, du passeur et des garde-côtes. En pleine mer, le groupe reste soudé en dépit des tensions. Chacun révèle ses attentes, ses peurs, ses espoirs fous... Hovnatan Avédikian empoigne le texte-radeau d’Aziz Chouaki avec fougue et conviction. Sous les voiles, on parle une langue brute, jeune, poétique, on traque l’humour au cœur d’un drame collectif. La musique et la chorégraphie prennent part à cette narration viscérale. Avec la complicité de ses huit comédiens, ce jeune artiste, engagé et visionnaire, porte avec une énergie débordante l’œuvre de l’écrivain algérien, donnant vie à des êtres attachants qui rêvent d’un voyage sans retour et nous rappellent l’essence de notre humanité.

Un drame engagé, intense et drôle.

entretien avec Hovnatan Avédikian

Propos recueillis par Caroline Audibert

Lors des étapes de travail, vous avez répété avec vos comédiens à la Maison d’Arrêt de Nice pendant quatre semaines. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Elle s’est inscrite dans le processus de création de la pièce, tout en répondant à l’une des premières missions d’un Centre Dramatique National, qui est d’amener de la culture là où il n’y en a pas. Chaque semaine de répétition, on présentait le travail en l’état, devant les détenus. Ça nous obligeait “à sortir” quelque chose de défini. Au quartier femme, on jouait dans une pièce de 10 m2. Huit acteurs qui se marchent dessus, qui rampent sur le sol... Cette proximité a fait naître des propositions artistiques très fortes ! Au quartier homme, on jouait dans un grand amphi, devant une quarantaine de détenus avec lesquels on échangeait après. Ce qu’on a vécu en prison a soudé l’équipe.

C’est donc une forme théâtrale qui relève de la performance d’acteurs ?

Avec le chorégraphe Aurélien Desclozeaux, nous amenons les acteurs vers un langage autant physique que verbal, dans un espace absolument nu, comme peut l’être la mer. Les personnages ont des visions. La seule chose qui leur reste, c’est le rêve... Un fil conducteur qui les tient en vie.

Y avait-il des migrants parmi les détenus ? Comment ont-ils réagi à cette pièce qui raconte leur traversée, leurs rêves... ?

Si untel n’est pas réfugié c’est son frère, si ce n’est pas son frère, c’est son cousin... L’immigration fait partie de leur histoire. Ils ont beaucoup r i en découvrant ces huit personnages très attachants qui fuient l’Algérie à la fin des années 90 sur une coque de noix, pour venir s’échouer sur les côtes européennes. À travers leur misère, ils portent un regard sur le monde, souvent extralucide. Avec eux, on peut rire de tout... C’est qu’Aziz Chouaki manie la langue du peuple avec érudition. C’est un de ces génies ! Le monde populaire est pris en compte dans la grande légende... pour une fois !

Dans le contexte de la crise politique des migrants, monter cette pièce est une forme d’engagement pour vous ?

Je m’engage dans mon travail. Aller voir ces détenus, c’est artistique. Jouer le texte d’Aziz Chouaki, c’est un manifeste, une manière de sortir de l’indifférence. Tout le Moyen-Orient est à feu et à sang et nous continuons de vivre en fermant les yeux, en disant que ce n’est pas notre problème. Pour moi, l’Occident est impliqué dans la destruction de ces civilisations et s’il ne se sent pas impliqué, des bateaux viennent à nos portes pour nous expliquer que nous sommes concernés.

Il reste donc à espérer ?

On est dans une société où chacun vit sur le dos des autres. Partant de là, il n’y a pas vraiment d’espoir. L’espérance, ça vient de la boîte de Pandore, c’est le dernier des maux. Si on veut changer le monde, il faut le changer, pas seulement le dire.

L’art peut-il être source de changement ?

L’art a eu en charge l’éducation pendant des siècles. On change une société à travers l’éducation des enfants. L’art, c’est la narration de l’Histoire, la catharsis, la communion des uns avec les autres, l’anti-repli sur soi, la connaissance de la société dans laquelle on vit, la connaissance de son corps et du corps des autres, la connexion aux croyances... L’art lui-même est une croyance. Et pour créer Esperanza, il faut avoir cette croyance-là.

saison 2016-17
esperanza au Théâtre National de Nice
Dossier de presse

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