Le TNN et UniCA Culture vous invitent à découvrir l’adaptation de la comédie Les Belles-sœurs de Michel Tremblay par les étudiants d’UniCA sous la direction de Rosine Vokouma. Cette restitution marque le grand final de l’atelier hebdomadaire mis en place dans le cadre du partenariat.
Une première représentation aura lieu dans le cadre du Festival Boucan, le vendredi 11 avril 2025 au 109.
L'INTENTION
L'œuvre Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay est une fresque puissante et cruelle de la condition de la femme dans les années 60. L'action se déroule dans la cuisine exiguë de Germaine Lauzon,
une femme du peuple qui vient de gagner un million de timbres-primes et invite ses belles-sœurs, amies et voisines à l’aider à les coller. Ce qui pourrait être un moment de célébration se transforme en un huis clos oppressant, où se révèlent les tensions, les frustrations et les désillusions de ces femmes enfermées dans leur quotidien. Entre éclats de rire et moments d’une amère lucidité, la pièce met en lumière la complexité des relations féminines, tiraillées entre la sororité et les sentiments les plus bas, comme la jalousie et la rancœur.
J’ai eu envie de monter cette pièce car elle offre un portrait saisissant d’une époque, tout en restant profondément actuelle. Michel Tremblay nous plonge dans un monde où les femmes luttent pour exister, rêvent d’une autre vie, et se débattent avec leurs propres contradictions. En mettant en scène une parole féminine brute et sans filtre, il donne à entendre la douleur, la colère et les désirs de ces femmes que la société ignore ou méprise. Ce texte, à la fois tragique et drôle, m’a touchée par son authenticité et sa férocité. Il révèle combien l’oppression peut non seulement venir de l’extérieur, mais aussi s’infiltrer dans les relations entre femmes elles-mêmes, créant une solidarité vacillante, souvent mise à mal par la rivalité et la frustration.
Cette mise en scène revêt un enjeu particulier, car je monte cette pièce avec 13 étudiant.es qui jouent tous.tes des rôles féminins. Ce choix renforce encore l’universalité du propos : il ne s’agit pas simplement d’évoquer la condition des femmes dans les années 60, mais aussi d’interroger les mécanismes de domination, d’exclusion et de violence sociale qui traversent toute époque. En confiant ces rôles à de jeunes comédien.nes, je souhaite leur faire ressentir, par le jeu, ces dynamiques de pouvoir et de dépendance, et leur permettre d'explorer une langue populaire vibrante, crue, d’une immense richesse théâtrale. La pièce est écrite en joual, langue populaire québécoise. J’ai choisi de la garder telle quelle et de travailler avec l’accent français de mes étudiant.es.
Monter Les Belles-Soeurs aujourd’hui, c’est questionner le poids des normes, des héritages, et la place que chacun.e occupe dans la société. C’est aussi, à travers l’énergie explosive de ces
personnages, rendre hommage à ces voix trop longtemps tues, et leur redonner toute leur force et leur éclat sur scène.
Rosine Vokouma