[ Création ]

bella figura

texte & mise en scène Yasmina Reza

avec Emmanuelle Devos, Camille Japy, Louis-Do de Lencquesaing, Micha Lescot, Josiane Stoleru décor Jacques Gabel lumière Roberto Venturi costumes Marie La Rocca coiffure & maquillage Cécile Kretschmar son Bernard Vallery musique Nathan Zanagar collaboration artistique Valérie Nègre production Les Petites Heures coproduction Théâtre du Rond-Point - Paris, Théâtre de Namur, Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur, Théâtre Liberté - SN de Toulon, Théâtre des Sablons - Neuilly-sur-Seine texte édité aux Éditions Flammarion

Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du samedi 11 mars. Rencontre annulée

Un homme et une femme se tiennent sur le parking d’un restaurant de province. Elle, Andréa, mère célibataire, préparatrice en pharmacie, est encore dans la voiture. Son amant, Boris, patron d’une entreprise de miroiterie, essaie de la convaincre d’en sortir, en dépit de l’erreur qu’il vient de commettre : mentionner que le restaurant lui a été conseillé par sa femme...

Bella Figura explore la soirée consécutive à cette faute originelle. Un peu plus tard, au même endroit, survient un autre couple, accompagné par la mère de l’homme. On apprend très vite qu’un lien inopportun les unit aux premiers. Mais comment ne pas rire face aux tiraillements de ces êtres plongés dans les remous du cocasse et du tragique ?

Véritable stratège en désespoir, Yasmina Reza dirige ses acteurs confrontés à la “matière houleuse de la vie”. Son style abrasif triture des personnages borderline le temps d’une soirée où les masques tombent un à un. Seules la vanité et la beauté de l’absurde scintillent dans la marée noire de l’existence. Car le noir se porte merveilleusement bien dans le théâtre nihiliste et réjouissant de la célèbre écrivaine.

Yasmina Reza huile la mécanique parfaite d’un carrousel qui dit le vide d’une époque, la solitude, la faillite du couple et le naufrage de la vieillesse.

entretien avec Yazmina Reza

Propos recueillis par Caroline Audibert

Votre pièce a été créée pour la première fois en mai 2015 par Thomas Ostermeier, qu’est-ce qui vous a portée vers la mise en scène ? Et comment envisagez-vous la mise en scène de ce huis clos ?

J’ai écrit la pièce à la demande de Thomas Ostermeier qui souhaitait refaire un projet avec Nina Hoss. Thomas a réalisé une mise en scène superbe, nocturne et volontairement anxyogène. J’ai beaucoup aimé son travail. Ma vision est évidemment différente, je dis évidemment parce que nous n’avons pas la même culture et parce que j’ai écrit la pièce ; je connais d’autres ressorts secrets que je voudrais mettre en évidence.

Le personnage d’Andréa voudrait aller au-delà des masques, que Boris ait le courage de la présenter comme sa maîtresse, de tout quitter, elle est la seule à être aimantée par les étoiles, par quelque chose de transcendantal, à couver quelque idéal romantique (l’envers de sa férocité peut-être)... Et pourtant, la désillusion s’en mêle, elle aussi semble rattrapée par l’absurde. Est-ce sur une telle contradiction que vous avez bâti le personnage d’Andréa ?

J’écris avec plus d’instinct que de direction intellectuelle. Pour dire les choses autrement, je ne prédestine aucun des personnages. Ils roulent leur bosse pendant que je leur donne une substance, ils finissent par faire ce qu’ils doivent faire. Je ne comprends bien mon travail et ses implications que longtemps après.

La soirée en amoureux est gâchée, le gâteau d’anniversaire finit dans la jardinière. Est-ce une mise à mal d’une vision bourgeoise de l’existence ?

Certains critiques l’ont perçu ainsi au moment de la création d’Ostermeier.

Qu’est-ce qui se joue encore dans le couple ? Ne peut-il pas y avoir d’ histoire commune ?

Oh mon dieu ! je n’ai aucune prétention à la généralisation. Disons - pour sourire - que je ne serais pas la bonne personne pour raconter un conte de fées.

Vous dites qu’il n’y a pas d’histoire, que vous puisez dans la matière stagnante et houleuse de la vie. La pièce révèle-t-elle une vision plus nihiliste que tragique de l’existence ?

Non, franchement je ne crois pas. Il y a aussi de l’absurde dans le tragique.

Quelle est votre vision du théâtre ? Est-il un réconfort, celui de quitter, le temps d’une pièce, la solitude de l’existence que vous mettez si bien en scène ? Pensez-vous qu’il puisse être un miroir de nous-mêmes ?

Oui, votre formulation est juste. Le fait de voir s’incarner la solitude d’un autre, que l’on peut reconnaître comme sienne, est un réconfort. On sort de soi pour se retrouver dans une condition partagée. C’est une consolation. Le théâtre a aussi cette fonction.

saison 2016-17
bella figura au Théâtre national de Nice
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