[ Création ]

dante

d’après Dante Alighieri
conception & mise en scène Renato Giuliani

avec Marjolaine Alziary [jeu & violoncelle], Mari Laurila-Lili [jeu & piano], Renato Giuliani [jeu & voix] lumière alexandre toscani costumes aurore lane scénographie/construction pascal brodin peintre décorateur François Guillaumet assistants stagiaires à la mise en scène Milica Milosavljevic, Pierre Sutra assistante stagiaire aux costumes Olivia Brescon production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur sous l'égide du Consulat Général d’Italie à Nice.

Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 12 mai.

Artiste permanent du TNN, Renato Giuliani a choisi de faire renaître le grand poète du Moyen Âge à travers son œuvre majeure. Rédigée au cœur des troubles politiques de l’Italie du XIVe siècle, La Divine Comédie résonne étonnamment avec notre époque chaotique : “Je me suis perdu dans une forêt sombre, car j’avais perdu le bon chemin” dit le poète italien récité par Renato Giuliani. Dante s’embarque dans une quête de vérité. Il commence par traverser les Enfers.

Dans cette nouvelle interprétation, les maléfiques créatures des ténèbres prennent un aspect contemporain et évoquent les multinationales. Puis le chemin initiatique se poursuit en toute f inesse jusqu’au Paradis. Autour de la voix des récitantes- musiciennes, ce spectacle intimiste nous illumine dans un voyage spirituel en compagnie du poète Virgile, de l’amoureuse Béatrice et d’un grand Saint, ouvreur des portes du Paradis.

L’inventivité scénique dresse un pont entre la poésie du Moyen Âge et le monde d’aujourd’hui, avec une mise en scène musicale qui nous entraîne tout en douceur dans une réflexion sur la condition d’être humain.

Renato Giuliani se confond avec Dante pour une traversée de l’Enfer vers le Paradis ! Un conte métaphysique, drôle et plein d’espoir.

entretien avec Renato Giuliani

Propos recueillis par Caroline Audibert

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous tourner vers l’adaptation du chef-d’œuvre de la poésie italienne que l’on voit rarement au théâtre ?

C’est une œuvre monumentale, ésotérique, fondatrice qui me fascine depuis mes 11 ans ! Et j’ai voulu rendre hommage à mon maître, Carmelo Bene, ce magicien de la voix, qui en a fait quelque chose d’extraordinaire. Il ne faut pas oublier que Dante était un personnage politique important qui a subi l’exil pour ses convictions politiques. Il y a une force subversive dans son œuvre. La Divine Comédie, c’est un merveilleux chemin de renaissance. À bien y regarder, ce texte du XIVe siècle nous donne l’image de nous-mêmes aujourd’hui, et nous indique un parcours, une échappatoire.

Trouvez-vous une forme de modernité dans La Divine Comédie ?

Au début de l’œuvre, Dante se retrouve perdu dans une forêt sombre peuplée de fauves. C’est pour moi une image de notre situation actuelle : l’être humain égaré dans une course marchande, autodestructrice, qui court vers la fin de l’espèce humaine, comme le dit Hubert Reeves. On a perdu le sens des choses concrètes et essentielles et le contact avec la nature. Avec trois personnages qui le conduisent, Virgile, Béatrice et Saint Bernard de Clairvaux, Dante nous montre le chemin : il faut partir du fond (l’Enfer) et remonter en passant en revue les aberrations de l’âme humaine qui nous ont détournés du bon chemin, pour les amender et enfin “sortir à la lumière du jour”.

Il nous faudrait donc réapprendre à être pleinement humain ? La première étape serait de renouer avec la nature...

Tout à fait. Dans l’Enfer, Virgile rappelle au poète qu’il faut considérer d’où l’on vient, c’est-à-dire de la nature, que l’on ne doit pas vivre comme des brutes mais se tourner vers la vertu et la connaissance. Des valeurs que l’homme actuel a mis de côté volontairement, parce que ça ne rapporte pas. Le théâtre est là pour que ces valeurs soient présentes, qu’elles soient une richesse immatérielle, qu’elles donnent la vision d’un futur meilleur.

Puis c’est à Béatrice que l’on doit une élévation plus spirituelle... Les femmes ont-elles un rôle particulier à jouer aujourd’ hui dans cette réappropriation de l’ humain ?

Béatrice, la femme angélique, prend le relais de Virgile qui a initié Dante à la philosophie de la nature. Elle le conduit aux portes du Paradis jusqu’au seuil du grand mystère. Je pense que le salut de l’humanité passe par les femmes ! Elles sont les gardiennes de la vie, de la sensibilité, de la solidarité, de l’amour universel... Nous devons féconder notre époque avec ces valeurs-là.

Et enfin, on s’ élève vers le Paradis avec un saint homme...

Des profondeurs de l’abîme, nous grimpons jusqu’au Paradis : la paix et la sagesse illuminent le chemin. C’est la renaissance. On entre dans la partie la plus ésotérique de l’œuvre. Saint Bernard de Clairvaux, l’auteur de la Règle des Chevaliers du Temple, relie l’humanité à la spiritualité, dans ses aspects politiques mais nobles, et amène Dante à la contemplation du mystère, la “Rosa Mistica”. La pièce va donner une image de cette initiation très ludique et accessible au jeune public. Il y aura de la musique classique et contemporaine, un peu jazzy...

saison 2016-17
dante au Théâtre National de Nice
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