[ Création | Coproduction ]

racine(s)

pièce de cirque poétique entre terre et ciel IDÉE ORIGINALE & ÉCRITURE CORDE LISSE INBAL BEN HAIM | MUSIQUE ORIGINALE DAVID AMAR | DRAMATURGIE & MISE EN SCÈNE JEAN JACQUES MINAZIO

avec David Amar [chant & musique], Inbal Ben Haim [corde lisse] scénographie Domitille Martin costumes Sofia Bendhérif lumière Alexandre Toscani régie générale Raphaël Maulny production L’Attraction compagnie coproduction Archaos - Pôle National Cirque Méditerranée, Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur, Festival Scène de Cirque - Ville de Puget-Théniers, Maison du Parc National et de la Vallée de Luz-Saint-Sauveur, Festival Rue(z) vous - Ville de Valbonne résidences Maison du Parc National et de la Vallée de Luz-Saint-Sauveur, Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur, École élémentaire de Puget-Théniers, Ville de Valbonne, Centre Régional des Arts du Cirque SUD PACA - Piste d’Azur avec le soutien de la Ville de Nice et du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes de la Région Grand Est et du Centre National des Arts du Cirque

Être humain sur la Terre, qu’est-ce que cela veut dire ? Pieds nus, le corps suspendu, une jeune femme vagabonde dans les airs autour de cette question fondatrice. À presque 10 mètres du sol, elle tourne autour d’une corde lisse qu’elle serre, perd et retrouve. Ballet gracieux qui dit ce lien vivant à la Terre d’où nous venons, elle qui nous nourrit et nous porte en son sein.
Perpétuellement en mouvement, l’épatante circassienne israélienne Inbal Ben Haim s’interroge sur l’enracinement de tout être humain comme sur ses propres racines. Accompagnée par l’univers inspiré du musicien David Amar, elle développe un poème d’amour inouï sur cette relation à la nature, pure, essentielle, organique, libérant des images virevoltantes. Un songe poétique sur nos origines, le temps d’un spectacle libre et ardent.

Un duo fascinant pour une cordiste amoureuse de la Terre et un chanteur musicien exalté qui nous invitent à redécouvrir nos racines.

RENCONTRE EN BORD DE SCÈNE LE SAMEDI 26 JANVIER.

Interview Jean Jacques Minazio

Propos recueillis par Caroline Audibert

Votre spectacle réunit trois talents, quelle en est la genèse ?

Je suis très éclectique dans mon travail de création. Le cirque est entré dans ma vie de comédien et metteur en scène il y a vingt ans. Depuis la création du Centre régional des arts du cirque en PACA - « Piste d’Azur », j’interviens comme metteur en scène, formateur au jeu d’acteur, à la dramaturgie, à la mise en scène. Depuis vingt ans je travaille donc avec des jeunes artistes de cirque pour les préparer aux grandes écoles. Inbal Ben Haim a intégré cette école en 2013. J’ai été immédiatement frappé par la qualité de sa présence lors de sa première improvisation. Tout le monde s’est arrêté pour la regarder tellement c’était fort. On a ensuite travaillé ensemble pendant deux ans, jusqu’à ce qu’elle intègre le Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne en 2015. Tout au long de ses 3 années de cursus, nous avons gardé ce lien de travail et l’envie d’avancer ensemble sur des projets de création. Je l’ai présentée au musicien David Amar. Et c’est ainsi que ce spectacle est né. En juillet 2016, nous avons été invités au festival « Scène de cirque » à Puget-Théniers, dans les Alpes-Maritimes, où nous avons commencé à mener à bien la création de ce spectacle en extérieur.

C’est un spectacle sur la terre, les racines. La circassienne est dans les airs, il y a ce dialogue entre les éléments ?

Tout tourne autour de l’idée du rapport à la terre, la terre natale, la terre d’adoption, le voyage, l’exil. C’est très autobiographique. Inbal Ben Haim est née à Jérusalem. Cette jeune acrobate Israélienne est venue en France en 2011 pour poursuivre son chemin artistique. Cette thématique de la terre, elle l’a amenée avec elle. On a imaginé un personnage de passage, qui voyage et se questionne sur le sens de sa vie par rapport aux racines, à la migration. Elle est en quête d’identité.
La corde symbolise son lien à la terre, qui est aussi la Terre nourricière, comme un cordon ombilical. Son rapport à l’agrès, son toucher de corde est très singulier, et c’est ce qui m’a plu chez cette artiste. L’agrès n’est pas simplement un morceau de corde, c’est pour elle un véritable partenaire. Elle dépasse le cadre de l’exploit ou du risque pour aller vers autre chose qui va droit au cœur.

Est-ce une question que vous aviez envie de poser cette question du rapport à la terre surtout aujourd’hui, dans l’intention d’évoquer les problématiques de notre époque ?

C’est ma rencontre avec Inbal qui a déterminé l’angle de ce projet. Son questionnement était assez fort pour nous amener nous-mêmes à nous questionner. Quand cela rentre en contact avec l’actualité des migrants et la question de l’écologie, on prend conscience que ce questionnement est universel.

Vous avez commencé par élaborer une version de ce numéro en plein air. Est-ce un challenge de l’adapter pour la scène ?

Nous avons d’abord proposé une version de rue de ce numéro. Nous jouons le spectacle sous et sur un arbre. Et pas n’importe quel arbre ! Nous choisissons des platanes ou des cèdres en général. La corde est accrochée dans l’arbre, sur une branche maîtresse légèrement déportée, une branche qui puisse supporter la contrainte des 400 kilos que génère un corps en tension. En extérieur, Inbal est suspendue entre 5 et 8 mètres de haut environ, sans longe ni filet, donc sans sécurité.
Très vite, au regard des possibilités qu’offrait la dramaturgie, on s’est dit qu’il fallait qu’on crée le spectacle en salle, pour raconter cette histoire avec les moyens et les codes du théâtre, avec la boîte noire, la lumière, pour lui donner une autre ampleur. Inbal sera suspendue à 9 mètres de hauteur dans le théâtre, sans sécurité. Nous avons une très belle hauteur (3 à 4 mètres de plus de hauteur), ce qui ouvre beaucoup de possibilités au niveau du mouvement ! Ce qui est intéressant, ce n’est pas de montrer le risque pour le risque, mais d’embarquer les gens dans la poésie, et qu’à un moment ils se disent que l’acrobate est suspendue uniquement par ses deux mains ou sa jambe, et qu’ils ressentent un frisson.

Vous avez expérimenté un rapport très direct avec la terre, avec l’arbre, avec le public en extérieur. Cherchez-vous à la reproduire sur scène ?

Nous travaillons avec la terre comme matière au sens propre. De la valise sort la terre, de la terre sort la corde. Et en extérieur, de l’arbre où elle est suspendue, il pleut de la terre, terre qui revient au sol. On explore cette idée de mouvement perpétuel, de circularité, de cycle. En salle, nous avons notre terre aussi, il pleut de la terre aussi, surtout si on part de l’idée qu’on est situé sous les racines de l’arbre, dans le ventre de la terre.
L’enjeu était celui-ci : comment déplacer une scénographie qui est un arbre ? Surtout pas en recréant un arbre factice sur scène, mais au contraire en essayant de prolonger l’écriture du spectacle. Ce personnage d’Inbal, qui est un personnage de passage, et le personnage du musicien, le témoin, celui qui raconte l’histoire, ces deux personnages on les a ramenés sur la scène. Qu’est-ce qui peut se passer ? C’est à ce moment-là que l’histoire a pris un tour moins réaliste, faisant beaucoup plus appel à l’imaginaire, à une dimension plus onirique. Ces deux personnages sont sous des frondaisons, peut-être aussi sous des racines. On raconte l’histoire à l’intérieur de la matrice de la terre, dans une intériorité. On ne ferme pas le sens, on veut laisser le choix au spectateur : est-on dans un fantastique sous terre avec des racines d’arbre ou est-on dans un monde extérieur avec des frondaisons ?

La musique a-t-elle à vos yeux la même importance que la part acrobatique du spectacle ?

Inbal raconte une histoire avec sa corde et David s’exprime avec la musique. Sa partition est très organique, envoûtante, elle laisse place aux silences. Le compositeur s’est inspiré de la manière dont l’acrobate évolue sur la corde. C’est aussi une forme de narration. Il est évident qu’on est dans un spectacle de cirque poétique. Avec le travail sur l’aérien, il y a évidemment la notion de risque, d’exploit qui pourrait prendre le dessus. Mais la musique occupe pleinement la scène.
La particularité du travail de David Amar, c’est qu’il allie sa formation classique à l’improvisation. C’est un saxophoniste virtuose, multi-instrumentiste, qui s’est formé au soud painting, et qui a exploré les instruments du monde comme le fujara, une flûte slovaque ou le piano à doigt africain, le kalimba. Ses compositions reflètent toute la richesse de son univers. David Amar est un musicien plus que complet. Sa voix est un instrument à part entière. Son travail de vocaliste porte sur des nappes sonores, c’est une exploration vocale avec des effets qui permettent de moduler et de transformer la voix naturellement, parfois à l’aide d’un looper (instrument électronique permettant l’enregistrement de pistes sonores afin de les faire rejouer en direct et en boucle). Dans Racines, on est dans un travail de création que David définit comme une composition en temps réel.

C’est un théâtre sans parole, un théâtre de mouvements et de sons ?

En extérieur on est dans une narration classique, avec des séquences qui se suivent. Sur scène, on a cherché à embarquer le public dans une dimension plus onirique. Cela m’évoque la composition lente d’un puzzle, d’une fresque visuelle et sonore qui petit à petit se dessine. Nous allons intégrer pour la scène un travail de voix : nous choisissons des textes poétiques comme matière sonore. Des textes méditerranéens, certainement de poètes contemporains. La voix d’Inbal les récite en hébreux, arabe, anglais et français. En donnant la voix à ces poètes contemporains, nous souhaitons donner une dimension cosmopolite au spectacle.

Pour souligner l’idée que la terre appartient à tous, que nous sommes le fruit d’un métissage des cultures ?

Oui, quelle est ma place, quelle est la place des autres ? C’est une question quasiment philosophique qui est posée via le questionnement d’Inbal. Mais je ne vais pas vers un théâtre didactique, j’aime trop la légèreté. Je souhaite amener un questionnement de manière très sibylline et légère. Je veux avant tout que le spectacle parle aussi bien à un enfant de cinq ans qui s’émerveille d’une jeune femme suspendue à une corde, de la musique envoûtante, qu’à des adultes qui vont y lire d’autres choses. J’aime toucher des publics très différents, atteindre une forme d’universalité. La musique et l’expression corporelle sont des langages qui parlent directement et à tous, qui génèrent de l’émotion, avec simplicité, sans le recours à des références.
J’aime laisser un espace au spectateur que je ne considère jamais comme une personne fondue dans un fauteuil de velours qui consomme béatement la pièce. J’aime lui donner la possibilité d’être acteur, de réfléchir, de se poser lui-même des questions. C’est le sens même du théâtre, partager quelque chose avec d’autres, en sortir modifié, bouleversé, transformé, capable de voir le monde différemment. Ce n’est pas de la consommation !

saison 2018-19
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