[ Création | Production ]

roméo et juliette

WILLIAM SHAKESPEARE
TRADUCTION MARIE PAULE RAMO
MISE EN SCÈNE IRINA BROOK

avec Samuel Charieras, Aliénor De Georges, Kevin Ferdjani, Marjory Gesbert, Cyrille De Gonzalgue, Laurent Grappe, Maïa Jemmett, Issam Kadichi, Jérémy Komboh Alié, Haykel Mashate, Irène Reva, Quentin Richard chansons originales Maïa Jemmett scénographie Irina Brook assistante à la mise en scène stagiaire Milica Milosavljevic collaboration artistique Tess Tracy lumière Alexandre Toscani son Guillaume Pomares costumes Magali Castellan, Coline Dalle, Aurore Lane accessoires plateau Anne-Laure Chiron, Laure Millet, Virginie Pelsez construction Ateliers du tnn, Pascal Brodin, Jérôme Tacconi, Laurent Rivière production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur coproduction Passionnément TNN

Quelle vérité plus intemporelle et plus tragique que celle de l’éternel conflit entre voisins, clans, peuples ou nations ? Dans un monde où le vivre-ensemble est une préoccupation quotidienne, comment réaffirmer la puissance de l’amour au-delà des incompréhensions et des différences ?
Dans une relecture moderne et populaire, Irina Brook transmet avec sa fougue habituelle un Roméo et Juliette qui nous touche droit au coeur. Comme au temps de Shakespeare, place avant tout au jeu d’acteurs et à la puissance du texte ! Ce projet, au départ pédagogique, est porté par une compagnie rassemblée pour l’occasion : une fusion explosive entre les comédiens niçois et les Éclaireurs du tnn. La passion est au rendez-vous !

La tragédie incontournable de Shakespeare dans une version jeune, intime et résolument contemporaine. La puissance du texte apparaît plus limpide que jamais dans cette adaptation épurée et décapante signée Irina Brook.
RENCONTRE EN BORD DE SCÈNE LES 3, 6 ET 10 AVRIL.
Le 9 avril, rencontre en bord de scène en présence d'Alexis Michalik, premier Roméo d'Irina Brook et metteur en scène d'Edmond.

Entretien avec Irina Brook

Propos recueillis par Caroline Audibert

Vous avez monté cette pièce il y a dix-huit ans, vous décidez de la remonter aujourd’hui. Comment envisagez-vous cette nouvelle création ?

Je l’ai effectivement montée il y a dix-huit ans. C’est une pièce dont je ne me lasse jamais en tant que metteure en scène. Il y a tellement de façons de la monter, on ne peut jamais être satisfait ! Aprés l’avoir créée la première fois, j’avais envie de la remonter encore, d’aller plus loin, de retravailler des choses. Je l’ai mise en scène l’an dernier dans l’opéra de Gounod à Nice. C’est une pièce que l’on ne quitte jamais ! Depuis trois ans, le TNN reçoit les créations des scolaires qui présentent leur version de Roméo et Juliette. Même à travers leurs courts extraits, on se rend compte qu’il y a quelque chose de fort et de puissant qui montre combien les archétypes de cette œuvre sont toujours vivants.
À l’origine, cette nouvelle création devait surtout être une représentation pédagogique. Ce n’est pas le même processus qu’une création de tournée qui exige au moins huit semaines de répétitions. Je voulais pouvoir proposer une version légère, montée avec des acteurs locaux dans le cadre du festival Shake Nice !, surtout pour les jeunes qui vont découvrir et jouer leurs adaptations de Roméo et Juliette. Je souhaite en effet que tous les jeunes azuréens puissent voir cette pièce mythique. Dans leur parcours scolaire, il est vrai que peu, ou aucun, liront la pièce dans son intégralité. La seule façon qu’ils ont de se l’approprier, c’est par le cinéma. Or cela me semblait très important qu’ils puissent aussi voir la pièce originale au théâtre.

Quels sont les principaux pièges de la pièce pour un metteur en scène ?

La grande difficulté de Roméo et Juliette, c’est qu’on rit beaucoup pendant la première moitié de la pièce. Tout est très enlevé, drôle, on se trouve embarqué dans une succession de bagarres, de clowneries et de danses. Et puis il y a un moment très précis où tout bascule dans la tragédie, et ça ne lâche plus jusqu’à la fin. L’intensité dramatique égale alors celle des tragédies grecques. Pour arriver à négocier ce tournant tragique au cœur même de la comédie, il faut réussir à convoquer des émotions très puissantes sur le plateau, ce qui n’est pas facile pour de jeunes acteurs.

Dans l’imaginaire français, Roméo et Juliette est avant tout une histoire d’amour, un amour d’adolescents, tragique, un amour fou…

Malheureusement, au-delà de l’intrigue amoureuse, la pièce met à jour d’autres forces toutes aussi importantes et qui régissent et détruisent le monde : la stupidité, l’avidité et la haine. Ce qui est fou c’est qu’on ne sait même plus pour quelles raisons les deux familles sont rivales. Ce grand classique parle de l’éternel conflit qui oppose un frère à son propre frère, les voisins, les religions entre elles. À travers cette tragédie, il donne à voir les mécanismes absurdes de la guerre tout en affirmant la valeur de l’amour. C’est une pièce plus actuelle que jamais, la bataille de la paix et de l’amour, et surtout de la jeunesse, contre le conflit et la haine. Et les amoureux apparaissent comme des martyrs à la cause. Ce n’est pas loin de ce qui se passe aujourd’hui autour du climat, et la révolte des jeunes qui voient à quel point les adultes, les riches, les personnes en position de responsabilité sont en train de détruire la planète et donc en train de détruire le futur de la jeunesse innocente.
Comme avec la petite Greta Thunberg, on voit que quand les problèmes sont personnalisés, avec un visage qui représente les jeunes, on n’est plus dans un problème abstrait. On retrouve notre sensibilité. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours tellement touchés par Roméo et Juliette. Si Shakespeare y affirme une foi en l’amour, c’est au sens où celui-ci devrait transcender les conflits, planer au-dessus des discordes, des divergences de valeurs, et réunir les hommes.

Cette pièce est-elle la meilleure clé pour entrer dans l’œuvre de Shakespeare, et dans le théâtre, notamment pour les adolescents ?

Il y a deux clés pour entrer dans l’œuvre de Shakespeare : Le Songe d’une nuit d’été et Roméo et Juliette. L’une est très légère et ludique, l’autre très profonde et puissante. Les deux sont très accessibles aux jeunes. Votre adaptation repose-t-elle sur un travail important de traduction, puisque vous présentez la pièce en français ? Si Shakespeare reste intemporel, les traductions vieillissent très vite ! Il faut les rafraîchir si on veut être fidèle au génie de l’auteur avec toute sa modernité. Les jeunes Capulet et Montaigu qui se retrouvent dans la rue pour chercher la bagarre, doivent trouver un langage équivalent contemporain, et en même temps la poésie doit être pleinement exprimée dans les scènes romantiques. La brillante traduction de Marie-Paule Ramo réussit ce mélange qui est la clé du style shakespearien. C’est un exercice difficile, car la pièce regorge de doubles sens ! Le public français est toujours surpris, car il a une vision très romantique, prude et victorienne de la pièce, imaginant de longues chemises de nuit blanches et un balcon fleuri. Mais en réalité la pièce condense un nombre incroyable de plaisanteries grivoises qui disparaissent souvent dans les traductions. Il y en a plus que dans n’importe quelle autre œuvre de Shakespeare ! Les garçons des clans, et même la nourrice, enchaînent les blagues vulgaires. On oscille perpétuellement entre un langage sublime et celui de la rue.

C’est donc un théâtre pour tous !

Cette traduction originale restitue l’esprit du théâtre du Globe, l’ultime théâtre pour tous. Shakespeare écrivait aussi bien pour l’aristocratie des loges que pour le peuple debout autour de la scène. C’est pourquoi son texte ne reste jamais sur une seule note, mais s’aventure sans cesse dans les différents registres, car il voulait plaire à tous les publics, sans jamais exclure l’un ou l’autre. Nous jouerons une version allégée, car pour l’attention d’aujourd’hui je pense que c’est mieux de plonger le public dans une expérience intense, sans entracte, et de tout jouer en moins de deux heures.
saison 2018-19
roméo et juliette
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