[ création ]

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écriture Joris Frigerio

avec Joris Frigerio, Matthieu Renevret vidéo Samuel Serandour, Léo Wassmer soutien artistique, regard extérieur Ézéquiel Garcia-Romeu lumière Romain Albérato, Matthieu Renevret scénographie Marie Péllégrino production Cie Les Hommes de Mains, L’Entrepont - Nice, Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur avec le soutien du Théâtre de la Massue - Cie Ézéquiel Garcia-Romeu

Avec sa toute jeune compagnie Les Hommes de Mains, Joris Frigerio imagine des ponts entre les arts comme entre les êtres humains : acrobatie, danse, texte et vidéo prennent place dans une scénographie originale. Le circassien à la technique irréprochable a décidé de passer par le canal des mots, ceux des autres. Pendant plusieurs mois, il a promené sa caméra dans la ville, interrogeant les niçois. Il est question de quotidien, de vision du monde, de bonheur...

Sa galerie de portraits prend part à la scène, sous la forme de vidéos encastrées dans des cubes en bois. Elles sont la syntaxe sur laquelle le corps leste de l’artiste décline son incroyable vocabulaire du mouvement. En solo ou en connivence avec son porteur, Matthieu Renevret, il s’étire, se démembre, se dédouble, bondit, glisse, se multiplie, inventant une chorégraphie à géométrie variable. Le plateau devient le lieu d’une expérimentation sincère et dépouillée de la rencontre avec l’autre.

Si Joris Frigerio a entrepris de déshabiller sa ville, c’est pour mieux se mettre à nu et célèbrer la magie de la rencontre.

entretien avec Joris Frigerio

Propos recueillis par Caroline Audibert

C’est votre première création ?

Cela fait longtemps que je cherche à créer “ma” propre forme, après plusieurs tentatives. Les formations de cirque sont très techniques. Il faut s’en écarter pour trouver son écriture. Ce que je veux faire, c’est un peu un ovni : du cirque et des interviews, c’est improbable ! On se demande comment ça peut marcher, mais c’est la poésie qui réunit les paroles que je recueille et les figures acrobatiques. Elles sont à la fois brutes et pleines de douceur, comme Matthieu Renevret et moi sur scène. Les gens de cirque sont très carrés, ils suivent une discipline, mais ils sont rêveurs aussi ! Dévoiler ce mélange chez nous, circassiens, et trouver l’écho chez les gens, c’est finalement le but de ce spectacle !

Vous faites donc se rencontrer le corps et la voix ?

C’est cela. J’ai une approche très organique : c’est le corps qui donne de l’émotion. Là, je rajoute la parole. C’est nouveau pour moi. Et je me sens plus fragile. J’ai donc invité Matthieu Renevret, mon partenaire de cirque depuis dix ans, à me rejoindre sur scène. Samuel Serandour porte le spectacle avec son univers sonore et visuel. Et Ézéquiel Garcia-Romeu est le regard extérieur du spectacle. Il me conseille !

Comment est venue cette idée d’aller à la rencontre de l’autre dans la ville ?

C’est parti du sentiment que j’ai d’être tout le temps un peu décalé. Je m’entraîne et passe beaucoup de temps dans le monde du spectacle. Alors j’ai eu envie d’aller poser des questions aux gens, pour voir si c’est plus sombre ou encore plus beau qu’à la télé. Je suis passionné de vidéo, alors j’ai décidé de les filmer. Et puis ensuite il y a eu cet enjeu de savoir comment le mélanger avec mon cirque...

Quels types de personnes avez-vous interviewé ?

J’ai interviewé des gens populaires, des gens du spectacle. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les personnes “brutes” qui vont m’amener quelque chose de sincère. J’essaie de développer une méthode. Ce n’est pas toujours facile. Souvent je suis surpris, ils se livrent rapidement !

Et comment ces témoignages s’articulent-ils avec votre cirque ?

Au départ, je voudrais suivre une courbe, partir du côté terrien pour aller vers le côté spirituel. À nous, Matthieu et moi, de le traduire dans le corps aussi.

Ce qu’ ils disent prend donc part à votre écriture ?

Oui. Je regarde les témoignages, je trie. En même temps, j’écris sur un carnet, je mets ma chorégraphie en place sur le plateau, avec les vidéos de gens interviewés. Parfois je colle au sens de leurs paroles, d’autres fois j’interprète et je suis en décalage. La poésie vient souvent du décalage d’ailleurs !

Quelles sont les thématiques abordées ?

C’est très varié ! Hovnatan Avédikian, par exemple, me parle du pétrole. Il me parle de sa dernière virée à la Fnac, où tout, la moquette, les DVD, son manteau, les emballages de nourriture, est en pétrole, il est entouré de plastique... Un autre artiste me parle des rappeurs. Il y a aussi une mamie qui me parle de son mari. Avant de mourir, il lui a écrit les mêmes mots que ceux qu’il lui écrivait quand ils avaient 17 ans... C’est le témoignage le plus fort !

“Interroger la poésie du quotidien Le plateau comme exutoire Déshabiller la ville et la vie.”

saison 2015-16
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