Phèdre

Nous retrouvons ce chef-d’œuvre de Racine pour la seconde édition du Festival de Tragédies, cette fois mis en scène par Robin Renucci, directeur du théâtre de La Criée - CDN de Marseille. Un plateau nu pour cette grande tragédie familiale et politique, sobrement sublimé par la beauté des Arènes de Cimiez, de quoi laisser toute la place à la puissance des alexandrins.

Phèdre est l’héroïne tragique par excellence, la plus touchante et la plus grande victime de l’amour. Déchirée entre désir et honneur, elle confesse son coupable amour au jeune Hippolyte, fils de son époux Thésée, qu’elle croit mort au combat. Le jeune homme, qui aime Aricie, la repousse. Douleur des aveux. Éclate alors une autre nouvelle, terrible pour Phèdre : Thésée n’est pas mort ; il est de retour et Hippolyte l’accompagne. Phèdre finit par succomber à la violence des sentiments qui l’animent, “ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente”.

L'INTENTION

Notre mise en scène de Phèdre de Racine cherche à faire résonner les injustices universelles contenues dans ce chef-d’œuvre classique, en mettant en lumière un point de vue trop souvent éclipsé : celui d’Hippolyte. Au cœur de cette tragédie familiale, le jeune héros incarne une innocence sacrifiée, emportée par la violence des passions et la fatalité des malentendus.
Dans cette lecture, nous avons choisi de recentrer le conflit sur l’injustice tragique de la punition infligée par Thésée à son fils. Thésée, aveuglé par la douleur et la jalousie, devient l’instrument d’une cruauté disproportionnée, incapable de discerner la vérité. Hippolyte, jeune homme guidé par la droiture et la pureté de ses sentiments, subit une condamnation brutale qui révèle non seulement la fragilité des relations humaines, mais aussi la violence inhérente à l’exercice du pouvoir.
À travers cette relecture, nous souhaitons poser une question essentielle : que devient l’innocence face à l’autorité ? La punition infligée par Thésée à son fils n’est-elle pas le reflet de l’incapacité des puissants à entendre la voix de la vérité ? Phèdre résonne ici comme une dénonciation intemporelle des jugements hâtifs et des violences systémiques qui continuent d’émailler nos sociétés. En redonnant une place centrale à l’innocence tragique d’Hippolyte, notre spectacle invite le spectateur à interroger sa propre perception de la justice, de la culpabilité et du pardon. Car si la tragédie est irréversible, elle demeure aussi un miroir qui nous invite à réfléchir sur nos propres responsabilités.
Robin Renucci

LA PRESSE

Marilyne Fontaine est une grande Phèdre. La comédienne maîtrise chaque mot ; restitue chaque émotion. Elle double l’intelligence du texte de celle de la psyché. Elle est spectaculaire. Elle est inoubliable et si cela ne suffisait pas, Nadine Darmon, formidable, joue Œnone au diapason et en harmonie.
David Rofé-Sarfati, Toute La Culture

Que les puristes soient rassurés, on entend très bien toute la poésie de cette tragédie et l’intensité émotionnelle de la pièce nous saisit, bien présente. Renucci m’a réconciliée avec Phèdre, et je ne regrette pas ce beau voyage au cœur du théâtre.
Marie-Céline Nivière, L’Œil d’Olivier

Les comédiens s’emparent du texte avec fougue et grâce. Chacun excelle à faire entendre et comprendre ce texte si lointain, dans toute sa richesse, toutes ses ambiguïtés et toute sa profondeur. La mise en scène de Robin Renucci remporte tous les suffrages.
Suzanne Canessa, Zébuline