C'est si simple l'amour

DIPTYQUE LARS NORÉN

En 2025 et 2026, Charles Berling fait le choix de mettre en scène deux huis clos aux dialogues rigoureux et aux non-dits implacables de l’un des plus grands dramaturges du XX^e siècle, le suédois Lars Norén, disparu en 2021.

Auteur de grandes fresques humaines, Lars Norén porte un regard lucide et sans concession sur la violence à la fois intime et sociétale du monde d’aujourd’hui. Présentées au TNN en diptyque, ces deux propositions peuvent être vues indépendamment l’une de l’autre.

L'INTENTION

Lost and Found et C’est si simple l’amour font partie du cycle des quatorze “pièces de mort” écrites par Lars Norén entre 1989 et 1995. Toutes ces pièces parlent d’une certaine manière du temps et de la mort. Dans ces deux pièces, on retrouve quelques-uns des thèmes récurrents de l’écriture de Lars Norén : le couple bourgeois et ses déchirements, la difficulté d’avoir ou de vivre avec un enfant, les ravages des névroses parentales. Deux partitions exigeantes pour des virtuoses du jeu.
Charles Berling

C'EST SI SIMPLE L'AMOUR

Cruelle ironie du titre, C’est si simple l’amour nous plonge dans l’intimité d’une soirée entre amis où, très vite, les apparences tombent, les accusations fusent et les dialogues se font de plus en plus acérés. Se dessine assez rapidement le précipice vers lequel les deux couples se dirigent à grandes enjambées. Un désastre. Paradoxalement, c’est au moment où le conflit atteint son paroxysme que Lars Norén parvient à distiller une drôlerie libératrice qui, sans que l’on s’y attende, nous arrache un éclat de rire qui déchire le ciel du drame.

Soir de première dans un grand théâtre de Stockholm. Alma et Robert, qui occupent les deux rôles principaux, sont en couple à la ville comme à la scène. La fête se prolonge chez eux, en compagnie d’Hedda, amie et comédienne sur la touche depuis quelques années et son mari Jonas, psychologue. Ces derniers, qui ont adoré la pièce, assistent à un véritable règlement de comptes, tour à tour amusés et gênés. Questions reproches et coups bas, ils ne sont pourtant pas en reste. L’infidélité est le grand sujet, au centre du champ de bataille. L’alcool coule à flots, fait sauter les verrous des faux-semblants et délie les langues. Dans ce grand déballage, il n’y a pas de vainqueur, que des vaincus.

LA PRESSE

Dans la double position si exigeante du comédien et du metteur en scène, Charles Berling incarne parfaitement Robert. Bérengère Warluzel interprète Alma avec force et délicatesse. Caroline Proust est formidable en Hedda, d’une forme de naïveté dosée à la perfection, d’une sensibilité aiguë, faisant place çà et là à l'humour et au rire. Alain Fromager donne corps avec une épatante justesse à Jonas.
Agnès Santi, La Terrasse

Tel un concerto qui débute dès les premières mesures en allegro, la pièce ne décolère jamais. La belle performance des quatre interprètes que de rester quasiment deux heures sur scène dans une tension sans intermède ! Il faut la saluer. Chacun parvient à créer un personnage qui n'est jamais caricatural. Chacun étant d'ailleurs aussi attachant que repoussant. D'une réalité touchante.
Bruno Fougniès, La Revue du spectacle