Les Personnages de la pensée

Nous recevons pour la première fois l’auteur, peintre et metteur en scène Valère Novarina, qui compte parmi les plus grands poètes contemporains, joué et étudié dans le monde entier. Véritable génie de la langue, il déploie un spectacle monumental. Dix interprètes virtuoses s'emparent de son verbe si particulier et deux musiciens de talent inventent une autre langue quand les mots manquent.

Au cours de 22 tableaux, les voix sont multiples, elles se croisent, se déploient dans l’espace. Sur le plateau, tout est rythme, à commencer par la vie elle-même : pulsation, battement. C’est avec un furieux goût pour le comique que Valère Novarina imagine ses Personnages de la pensée. Dénués de noms propres, ils sont réduits à ce qu’ils font, de manière plus ou moins abstraite. Parmi eux, Jean Mangetout, Le Déséquilibriste, L’Infini Romancier, Le Vivant Malgré Lui, L’Acteur Fuyant Autrui… et tant d’autres.

Puisque le langage est partout, sous toutes ses formes, il l’est aussi dans les peintures de Valère Novarina projetées sur scène et qui, à leur tour, expriment toute la fantaisie, l’insolence et la folie de ce grand artiste. “Je respecte beaucoup le réel, mais je n’y ai jamais cru” disait-il dans son dernier ouvrage, La Clef des langues, paru aux éditions P.O.L en 2023.

L'INTENTION

Le théâtre est l’endroit de la vue, un lieu où le langage s’incarne et se voit, mais un langage qui lie et qui délie. Étymologiquement, le logos pourrait signifier lien. Le langage coud et découd. C’est en l’usant, le décousant, que de nouveaux liens se tissent. Nous sommes délivrés par les mots et traversés par eux.
Je pratique le salut par le rire. Le rire est le vrai délivreur. Le rire est un fluide, comme le langage. Lorsque le spectateur est touché par une flèche de langage lancée par l’acteur, une réaction s’opère dans son corps. Le comique est au-dessus de toute autre émotion.
Valère Novarina

“Nous sommes dans les mots. Les mots sont, à la fois, la forêt où nous sommes perdus, notre errance et la manière que nous avons d’en sortir. Notre parole nous perd et nous guide.”
Valère Novarina, ”Chaos”, Le Théâtre des paroles, éditions P.O.L, 1989

LA PRESSE

Avec Les Personnages de la pensée, l’écrivain et dramaturge franco-suisse plonge le spectateur dans une pyrotechnie verbale aussi enjouée et vivifiante que jubilatoire.
Hugues Le Tanneur, La Vie

Voilà plus de soixante ans, déjà, qu’il agite dans tous les sens les particules élémentaires du langage, inventant, tel un botaniste fou, une jungle foisonnante, hybridant et réhybridant les espèces et les sous-espèces pour créer des spécimens uniques. À chaque incursion gargantuesque dans le langage, le poète-dramaturge ouvre un espace : celui du souffle, du rire, de la pensée, de l’invention infinie. Avec lui, la langue respire, et nous avec.
Fabienne Darge, Le Monde

On baigne en Novarinie. On s’esclaffe, on roucoule, on sourit, on s’étonne, on s’attendrit devant un castelet de fortune ou un tabouret auquel manque un pied, on note avec plaisir que les toiles de Novarina désormais ne jouent plus les marioles en montrant leurs muscles mais se glissent sur le plateau comme des oiseaux, s’attardent sans s’imposer. Sacré Novarina !
Jean-Pierre Thibaudat, Mediapart

Un moment de théâtre grandiose qui réinvente l’univers de cet artisan du langage et de la pensée. D’une atmosphère à l’autre, la troupe réunie par Valère Novarina fait merveille.
Manuel Piolat Soleymat, La Terrasse

L’auteur, peintre et metteur en scène continue de faire s’entrechoquer les particules de la parole et offre à sa belle troupe de comédiennes et de comédiens une étonnante matière à jouer.
Vincent Bouquet, Sceneweb