Le Tartuffe

Le Tartuffe ou L’Imposteur est l’un des plus grands scandales de Molière mais également l’un de ses plus grands succès. Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge, s’empare de cette fable emblématique dans un décor épuré et invite notamment au plateau Muriel Mayette-Holtz.

Tartuffe a été recueilli par Orgon, père de famille bourgeois. Aux yeux de son épouse Elmire et de toute la maisonnée, le nouvel arrivant est un imposteur sournois à qui on ne peut pas faire confiance. Pour Orgon, Tartuffe est le plus fervent des dévots, le meilleur des hommes. Depuis le giron de son protecteur, Tartuffe entame alors une ascension fulgurante. Le poison s’infiltre, le venin agit et la famille implose…

Dans sa pièce, écrite en 1664, Molière, en écho saisissant avec notre époque, semble nous alerter : la peur, la fascination et la loi du plus fort n’ont cessé d’engendrer la souffrance. Près de quatre siècles plus tard, ne sommes-nous pas encore tous des Tartuffe, mentant pour vivre en société ? Ne sommes-nous pas tous des Orgon, nous soumettant par faiblesse ?

L'INTENTION

Le désir de liberté et de justice sont au cœur de cette fable en alexandrins qui résonne si particulièrement aujourd’hui, où les lois du plus fort et du plus offrant prennent le pas dans une société en perte de repères, où le doute et la peur s’immiscent dans tous les interstices de la fragilité humaine. Et puis il y a ces femmes, qui, comme souvent chez Molière, tiennent la baraque, résistent envers et contre toute oppression, comme la sublime Dorine que jouera ma chère Muriel Mayette-Holtz, Elmire sous les traits de l’éternelle jeunesse de Christine Vouilloz et l’éclat foudroyant du joyau brut qu’est Bénédicte Amsler Denogent dans le rôle de Mariane la sacrifiée. Parce qu’il s’agit bien d’une affaire d’équipe, d’une “famille recomposée” pour le bien du spectacle, avec le génial et protéiforme Philippe Gouin dans le rôle de Tartuffe, et mon si cher Gilles Privat, que je me réjouis de retrouver. Dans un espace et des costumes épurés conçus par Rudy Sabounghi, la langue de notre éternel contemporain éclaire tel un phare, pour nous aider à trouver notre chemin, à tâtons, vers la liberté et l’altérité.
Jean Liermier